Vous contemplez, muet, le champ de vos batailles ;

Les canons se sont tus, au ciel chargé d’orages ;

Sur la terre fumante et parsemée d’entrailles

Les cadavres gisants ont perdu leur visage.

Un râle vous parvient, au milieu des décombres,

Et s’élève une main, qui vous tend une rose,

Cueillie dès le matin, n’ayant jamais vu l’ombre,

A s’offrir en pardon, comme un sceau que l’on pose.

Vos amis sont partis, en fuyant cette guerre,

Quand vous réalisez, seule avec votre peine,

Que l’Amour est cruel aux âmes solitaires,

Mais qu’après ce combat, Dieu a sauvé la Reine.

Il est temps de cesser le feu qui désagrège,

Pour ouvrir grand les yeux sur le temps qui s’enfuit,

Car déjà les vallons sont recouverts de neige

Et les roses fanées s’y reposent la nuit...

Tristanic – décembre 08

Rose des neiges