La vie était pressante au jour qui défilait, Lasse, vide, en écueil, de son humeur tueuse. Ma muse caressa la plume vertueuse, Inspirant, ou fuyant sur un mince filet ;
Fragile et douce, à ma mémoire contenue, Toi, tu voyais venir au loin le sentiment, Sous les mots, l’encre bleue où s’écrit le serment, La douleur de l’absence et de mon âme nue.
Un aveu... tu l’as dit ! – Saisissable amitié Qui se lit dans le cœur, à ne vouloir paraître. Me serais-je perdu d’invoquer la pitié ?
Erreur, bien m’en a pris ! Alors ! Sans te connaître ! A tes charbons ardents, sur la cendre où j’étais, L'esprit inanimé, tu me ressuscitais ! Trist@nic - nov 09
Sur un chemin de Nuit j'ai croisé la Bonté Qui trompait son Ennui avec des mots de Rêve Elle avait dans le Cœur un parfum de l’Été Souriant de Douceur par un soir qui s'achève.
Et sous des cheveux gris même un profond regard Tel un Feu s'est épris dans le Foyer de l'Âme Il a baigné l'instant de Soleil à l'égard De l'Homme qui n'attend que l'Amour d'une Femme.
Inondé de Lumière assoiffé de Bonheur Comme une vague entière épousant son ivresse Un baiser déposé fut un bouquet de Fleurs Ci venu l'apaiser au fond de sa Tristesse.
Et vous verrez la Nuit sous un quartier de Lune Une Ombre qui la suit de Sable sur la Dune...
Ne soyez pas inquiets si parfois elle invite A rester quelques temps, puis vous ferme les yeux Pour vous prendre en ses bras, dans son lit malicieux. Heureux qui la connaît, plus heureux qui l’habite,
Au long de nuits sans fin, son parfum délicieux Envoûte le ciel d'or gravé dans nos mémoires, On l'écoute chanter ou conter des histoires, Et, ne quittant jamais pour chercher d’autres cieux
L'anse aux mille secrets, son doux Cœur se mérite ! Épris du même élan, l'Amour longe pour deux Les rives du grand fleuve où le bonheur l’invite,
En communion d'Esprits, voués aux mêmes Dieux ; Ci ma Terre à jamais, vient épouser le rite, Sait vivre et sait mourir où dorment ses aïeux.
M@rselO - 02/19
Le Canada - Octave CRÉMAZIE (1827-1879)
"Heureux qui la connaît, plus heureux qui l’habite, Et, ne quittant jamais pour chercher d’autres cieux Les rives du grand fleuve où le bonheur l’invite, Sait vivre et sait mourir où dorment ses aïeux."
Aussi libre que l'Air, je suis comme le Vent, Qui rentre par derrière et ressort par devant, Tantôt douce caresse, ou terrible ouragan, La Force et la Faiblesse en un seul Élément.
Parfois je siffle un Air, sur les bords de la Seine, Où le froid de l'Hiver le dimanche m'amène, Et reprends le refrain de morsures glaciales, En gerçures aux mains, quand le givre s'installe.
Je vais en courant d'Air, dans la ruelle étroite, Et seul face à la Mer, où la Lune miroite, Humer la Liberté de glisser où je veux, Friser un bout de nez, caresser des cheveux.
Je ne manque pas d'Air, quand l'été se dérobe, Espiègle, pas vulgaire, en soulevant les robes, Et j'aime sur le seuil inhaler ce Parfum, Porter mes soirs en Deuil, sur un souffle défunt.
Frères humains, qui après nous vivez, Sur des chemins pavés de providence, Où s'esbigne chacun, vous retrouvez La horde des faquins, sous la potence ;
Frêles vainqueurs, en ce lieu de mémoire, N'ayez les cœurs contre nous endurcis, Quand de vos chants, célébrant la victoire, Sitôt méchant, un air viendrait aussi...
Jamais au Ciel, ainsi que vous savez, Haïr n'appelle un signe de sagesse, Car, si pitié de nous pauvres avez, En amitié, grande est notre richesse !
La corde à nœuds guette les infidèles, Et si l'un d'eux n'est point des repentis, Seul restera, sans amis ni nouvelles, Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Trist@nic - novembre 2016
d'après
L'Épitaphe de Villon (1431 - 1463 ?) ou " Ballade des pendus "
"Frères humains, qui après nous vivez, N'ayez les cœurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis."
Dans la douce chaleur d'un joli soir d'été,
Le vent tourbillonnait, caressant les visages,
Et l'Amour souriait à la Félicité,
Partageant le Bonheur sur un petit nuage.
Tandis qu'au loin déjà l'horizon mordillait
Le Ciel gris, pour aller s'enfermer sous son voile,
Au fond de la vallée, la Colère avançait,
Écartant de ses bras d'innocentes étoiles.
On entendait chanter les plus belles louanges,
Aux canons de beauté dont s'habillent les Anges,
Et tous les Cœurs battaient à l'unisson des corps,
Quand l'orage est venu chargé d'une folie,
Á déverser aux crues ses flots d'intempéries...
La Colère pleurait, mais l'Amour était mort !
Vient le soir du grand jour en fin du mois d'avril Les cyprès alentour rayonnent sur le sil De l'immense clairière où le ciel s'illumine Au faisceau de lumière ourlé par la colline.
C'est l'hiver qui s'enfuit aux feux de Walpurgis En secrets dans la nuit où Cronos prit ses fils Des fantômes en ronde accompagnent les jeux Quand la terre s'inonde d'instincts amoureux.
La chair de ses plaisirs va nourrir le sabbat Où l'orgie a loisir d'allonger les ébats Sorcières et démons en transe sur la braise Ont le rythme en chansons de ce peuple qui baise.
Sous le sceau de Satan et tous ses sacrifices Une magie s'étend autour des orifices On célèbre à l'envi Dyonisos ou Bacchus Lors que s'offre la Vie... à Mercure et Vénus !
Le crime était parfait, sans témoins, pas d’indice.
Il gisait dans son sang, nu sur le carreau froid,
Le visage défait par une cicatrice
Au front las, palissant, qui marquait son effroi.
Il fallait être fou pour oser tuer l’Homme
Avec son Cœur d’enfant, lui qui rêvait d’Amour,
Et répétait partout : « Le Bonheur est en somme
Un cadeau du présent à s’offrir tous les jours ».
Son corps s’en est allé, dans un étroit cercueil,
Porté par le destin, jusqu’au trou de mémoire.
Il arrive pourtant qu’on retrouve là-bas
Un secret bien scellé, sous le blanc de son œil.
Et parfois le matin, se réveille l’histoire,
Lorsque renaît l’instant de son premier combat.
D'après La nuit d'octobre - Alfred de Musset (1810-1857)
"Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve.
Je n'en puis comparer le lointain souvenir
Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève,
Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir."
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J'étais au fond du trou, la tête entre les mains,
La corde autour du cou, tel pantin qu'on achève,
Et sur un peu de vert à mon regard lointain, Le mal dont j’ai souffert s’est enfui comme un rêve.
Avait-il en mon cœur épuisé la souffrance
Où se posait ma peur d'affronter l'avenir ?
S'il me faut évoquer cette douleur immense, Je n’en puis comparer le lointain souvenir
Sinon du grand sapin dont on tire la sève.
Il ne doit aux matins de vivre certains soirs, Qu’à ces brouillards légers que l’aurore soulève,
En venant effacer un profond désespoir,
Sur ces lèvres posées une peine à s'ouvrir, Et qu’avec la rosée on voit s’évanouir.
En secret invité à l'abri d'un long rêve Il m'est lors apparu ce sentiment profond Qui certains soirs se tait puis le matin se lève Au Jardin suspendu sous mon vert horizon.
Il a nourri des jours à la douceur de vivre En apaisant ma faim de ses juteux baisers Par la bouche d'Amour qui m'enivre À son rose parfum dans les nuits perfusé.
Lors j'ai cueilli du fruit les saveurs débordantes Et conservé longtemps le goût sucré du thé Sur le palais détruit de mes sourdes attentes.
Il apporte fuyant au sortir de l'été Dans les froides saisons mortes d'aubes chéries Un semis de raisons en promesses fleuries.